La jeunesse s'identifie à une catégorie d'individus bien définie alors qu'elle n'est point homogène. Lorsqu'on examine l'usage que les jeunes font de leurs temps libres, on constate qu'il en relève des disparités conséquentes ayant pour effet de les sous-catégoriser. Conséquemment, la lecture sous toutes ses formes ou la forte opportunité de formations pour les uns par rapport aux autres, pourraient-elles être tenues pour des puissants facteurs de distinction sociale ? Le livre serait-il, en plus d'un outil d'infusion d'éléments intellectuels inhérents à l'émancipation des esprits, un stimulant des inégalités au sein d'une société ?
La lecture, ce vecteur important de diffusion du savoir, prend de nos jours des formes très diverses : de l’Internet à la messagerie électronique, en passant par la presse ou les bandes dessinées. La lecture semble être disponible pour tous. Pourtant, au cours du dernier quart de siècle, on a assisté à un net recul de lecture, surtout chez les jeunes de 15 à 24 ans, et ce malgré une scolarisation accrue. Mais toutes les catégories sociales n'ont certainement pas été touchées par ce fléau.
De très tôt, les enfants des milieux de classes dites moyennes et supérieures, à capitaux culturels accessibles, s'adonnent à la culture du livre. On leur achète d'ailleurs des livres, les emmène à la bibliothèque. Le soir, avant de se coucher, ils ont droit à des scéances de lecture nocturnes déclamées par un parent. Leur monde tourne vers l'enrichissement du vocabulaire, la maîtrise de l'écriture et l'aisance de la prise de parole.
Un jeune, issu d'un milieu socio-économique aisé et dont les parents sont cadres ou professeurs, accorde une place relativement importante à la lecture dans ses loisirs puisque ses parents intègrent son quotidien dans l'univers de la culture et du savoir ; contrairement à un jeune dont les parents sont ouvriers ou simples employés ayant beaucoup plus tendance à prioriser l'acquisition du capital économique, qui leur permettrait d'accéder à la classe sociale dite supérieure.
Pourtant l'obstination vis-à-vis du monde littéraire n'est pas sans intérêt car un enfant qui lit va vers l’acquisition du langage et le développement de ses capacités cognitives, conatives et émotionnelles. Il aura détenu de nombreuses connaissances qui lui permettront d'avoir des chances de réussite vastes et durables. La lecture est, dans ce cas, un atout dont toutes couches sociales devraient être disposées à bénéficier, car, pour ceux qui lisent les horizons de l'avenir sont extensibles. L'univers livresque est si splendide qu'aucun individu ne devrait en être exempt.
Auteur : ELISABETH ELUSTIN
Très beau papier !
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